Les fabriques d’édition sont des processus techniques qui fabriquent et produisent du sens, tant à travers les différents artefacts qui en conservent des traces, que dans les modélisations qui les précèdent. Nous avons pu démontrer que ces fabriques se constituent dans des situations où la technique est interrogée et critiquée. C’est donc un désir de faire autrement, une volonté de remettre en cause les archétypes établis ou imposés, qui ouvre des perspectives vers de nouveaux modèles épistémologiques.
Notre hypothèse s’est constituée et a été argumentée autour de cinq grandes thématiques, qui ont chacune fait l’objet d’un développement conceptuel, d’un prolongement critique et de l’élaboration d’un nouveau concept. Ces analyses et ces propositions théoriques ont été articulées puis fondées autour d’études de cas de dispositifs et d’expérimentations. Le parcours général de cette thèse a été progressif, partant du livre comme artefact, étudiant l’édition comme acte et comme éditorialisation, présentant le numérique comme environnement puis comme processus technique avec l’édition numérique, analysant les formats comme dispositif de modélisation du sens, et questionnant enfin le logiciel pour conceptualiser la fabrique.
#6.1. Un parcours conceptuel du livre au logiciel</>
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Notre démonstration a permis de répondre à la question des relations qu’entretiennent le texte et la technique dans les opérations d’édition.
Cette démonstration a tout d’abord été possible en analysant ce qu’est un livre.
L’établissement d’une définition conceptuelleLivre Le livre est un artefact éditorial clos, il est le résultat d’un travail d’écriture et d’édition, de création ou de réflexion, un objet physique (par exemple imprimé) ou numérique …
Voir chapitre 1 — Liste des concepts nous a effectivement permis d’articuler fonctions et aspects, et de délimiter les dimensions techniques inhérentes au livre.
L’analyse des procédés de reproduction, depuis l’impression à caractères mobiles jusqu’à ce jour, révèle une évolution qui correspond globalement à celle de nos sociétés occidentales.
Les formes livresques portent en elles leurs conditions techniques, le livre est matériel.
L’étude de cas d’une démarche singulière d’édition, l’ouvrage Busy Doing Nothing du duo Hundred Rabbits, confirme cette dimension intrinsèque du livre.
Notre définition est alors complétée, considérant cet objet matériel comme un artefact, c’est-à-dire le résultat d’opérations de fabrication et de production, le livre portant ainsi en lui les traces des dispositifs techniques nécessaires à son existenceArtefact éditorial Le livre est un artefact, le résultat d’un processus technique complexe dont il conserve certaines traces qui sont autant des marques des choix techniques que des énonciations — pour reprendre …
Voir chapitre 1 — Liste des concepts.
L’étude du livre Exigeons de meilleures bibliothèques de R. David Lankes, publié par les Ateliers de [sens public], en tant qu’il est constitué de plusieurs formats et versions, donne à voir un processus technique dont il est le résultat.
Partant de l’objet, nous avons pu justifier l’intérêt de nous concentrer désormais sur le processus.
L’éditionÉdition L’édition est un processus technique qui fabrique du sens sous la forme d’artefacts, comme le livre.
L’édition est une activité située dans des environnements économiques (marchands …
Voir chapitre 2 — Liste des concepts est une activité profondément technique, dans laquelle sont entremêlées des opérations de modélisation, de révision, de composition, d’agencement technologique ou d’établissement d’une diffusion.
L’édition est un acteActe éditorial L’expression d’acte éditorial permet de prendre en considération la question de l’action en tant qu’effet de l’édition sur le texte et qu’effet de l’objet …
Voir chapitre 2 — Liste des concepts car il s’agit d’un dispositif en action, qui agit autant sur le monde via la production d’un artefact que sur la personne qui l’utilise.
Nous remettons en cause l’idée selon laquelle la technique serait neutre, surtout dans l’activité d’édition.
Les enjeux politiques inhérents à toute technique et à ses usages sont révélés dans la manière dont Abrüpt édite ses livres.
Dans la mise en place de processus techniques d’édition, cette structure d’édition fabrique des objets qui participent ou qui engagent une éditorialisationÉditorialisation L’éditorialisation est d’abord considérée comme l’édition sous l’effet des technologies numériques, mais l’apport des recherches récentes sur ce concept, et notamment …
Voir chapitre 2 — Liste des concepts, soit des dynamiques constituantes qui forment un cadre méthodologique.
L’étude du dispositif technique développé pour fabriquer les livres des Ateliers de [sens public] confirme cette hypothèse selon laquelle les modèles épistémologiques sont constitués à travers un acte d’édition.
La description de cet environnement, le numérique, qui est désormais le nôtre, est prolongée par l’analyse du numérique en tant que culture(s) et en tant qu’il dispose d’une dimension réflexive agissanteNumérique Le numérique est une infrastructure technique permettant l’échange de données, il est composé de dispositifs d’affichage et d’interaction.
Le numérique permet le développement …
Voir chapitre 3 — Liste des concepts.
La place qu’occupe le numérique, ou plutôt l’espace constitué par le numérique, engendre un changement de paradigme dans la constitution de nos environnements techniques.
Cela est particulièrement visible dans le domaine de l’édition, et plus précisément avec l’apparition du livre numériqueLivre numérique Un livre numérique est la transposition du modèle du livre dans l’écosystème numérique.
Cela signifie tout d’abord l’utilisation de l’informatique pour la conversion ou la …
Voir chapitre 3 — Liste des concepts comme phénomène d’homothétisation.
Emblématique d’un rapport complexe avec le numérique, il nous permet de distinguer trois positions : publier dans le numérique avec le livre numérique homothétique ; publier avec le numérique en l’utilisant tout en prolongeant une tradition de l’imprimé ; publier en numérique en prenant en considération les processus techniques comme constitutifs de pratiques protéiformes et d’artefacts variés et variables.
L’étude de cas de la chaîne d’édition Ekdosis, conçue pour l’édition critique, est significative de ce publier avec le numérique.
La relation originelle entre l’édition numériqueÉdition numérique L’édition numérique est un processus protéiforme, une fabrique du sens dont le numérique innerve des formes plurielles de cristallisation du savoir.
L’édition numérique se distingue de …
Voir chapitre 3 — Liste des concepts — en tant que publier en numérique — et les humanités numériques nous permet de mieux comprendre les dimensions réflexives et critiques nécessaires dans toute élaboration d’une modélisation.
Cela se confirme avec l’étude de cas du recueil Le Novendécaméron, où le dispositif technique a été développé de concert avec l’édition des textes de ce livre web et imprimé.
Notre étude du format s’inscrit dans notre recherche en tant qu’elle explore les processus techniques d’édition.
Définir ce qu’est un formatFormat Un format définit la façon dont des informations sont décrites et stockées, il s’agit d’une série d’instructions formalisées afin qu’une action soit réalisée par un agent. …
Voir chapitre 4 — Liste des concepts est essentiel dans l’analyse des dispositifs d’édition, et vient encore confirmer le lien ténu entre la technique et l’édition.
Nous le démontrons avec le cas de formats qui découplent l’acte de sémantisation d’autres opérations éditoriales.
En s’affranchissant des logiciels qui masquent la dimension sémantique de l’écriture et de l’édition, il devient en effet possible de définir des formats qui expriment le sens tout en le séparant de sa modélisation afin de produire des artefacts.
C’est également ce que révèle l’étude du langage de balisage léger Markdown, et la nécessité de le considérer en tant que format à convertir.
Nous définissons ainsi un acte éditorial sémantique spécifique, le single source publishing — l’édition multi-formats à partir d’une source uniqueSingle source publishing ou édition multi-formats depuis une source unique L’édition multi-formats ou multimodale à partir d’une source unique est une méthode et un processus visant à produire plusieurs formats ou versions depuis une seule et unique source, en …
Voir chapitre 4 — Liste des concepts —, où l’imbrication des déclarations sémantiques et de leur modélisation apparaît comme une opportunité de nouvelles pratiques — et non un horizon productiviste.
Ce chapitre se clôt sur l’étude de cas du module d’export de l’éditeur de texte sémantique Stylo, en tant que démonstration pertinente d’une modélisation éditoriale — ici dans la publication savante.
En débutant par une critique du logicielLogiciel Le logiciel est compris ici comme un objet numérique permettant de réaliser des opérations de calcul grâce à un ordinateur.
Le logiciel est l’interface — par ailleurs souvent graphique — entre …
Voir chapitre 5 — Liste des concepts, le dernier chapitre s’appuie sur les concepts d’artefact éditorial, de dispositif éditorial, d’éditorialisation, et de single source publishing pour définir précisément ce que nous appelons fabrique.
Notre critique se construit dans le contexte des pratiques d’édition du champ des lettres — littérature au sens large, publications savantes et scientifiques —, où la place prépondérante des logiciels de traitement de texte et de publication assistée par ordinateur nous invite à questionner notre rapport à la technique — encore.
C’est du côté des designers graphiques que de nouvelles perspectives d’outillage forment un double courant de réappropriation : le creative coding pour les questions générales de création de programmes adaptés aux besoins spécifiques de production d’artefacts éditoriaux ; le CSS print dans le cas de l’utilisation des briques ouvertes que constituent les technologies du Web pour paginer et imprimer des livres.
La maison d’édition C&F Éditions fait partie des structures qui décident d’adopter des pratiques non conventionnelles d’édition, et construisent ainsi des modélisations éditoriales libérées des logiciels, tout en devant faire face à un certain nombre de contraintes éditoriales et techniques.
Notre définition du concept de fabrique, à partir des théories de Tim Ingold et de Vilèm FlusserFabrique La fabrique est un concept qui définit une manière de concevoir et de produire des artefacts.
Parler de fabriques permet d’envisager un processus réflexif, qui se construit en même temps que …
Voir chapitre 5 — Liste des concepts, nous amène à considérer le phénomène de fabriques d’édition comme imbrication des dimensions techniques de tout acte éditorialFabrique d’édition La fabrique d’édition est un phénomène, il s’agit de l’imbrication et de la réflexivité du travail sur le texte et de la constitution d’un processus technique permettant ce …
Voir chapitre 5 — Liste des concepts.
Nous ne généralisons pas ces pratiques protéiformes et plurielles, mais nous identifions des traits communs originaux qui forment une convergence.
Pour donner un autre éclairage à ce concept et à ce phénomène, nous présentons nos propres pratiques d’édition qui s’inscrivent dans le cadre de la réalisation de cette thèse.
Nous démontrons, avec cet acte performatif, que ce processus de recherche scientifique, qui dispose d’une dimension éditoriale, est aussi une modélisation épistémologique qui se traduit par des choix techniques divers.
La structure des sources, l’identification des concepts, les renvois entre les différentes parties du texte ou encore l’identification des types de section, participent autant à la thèse que la rédaction ou la correction du texte.
À travers ce parcours nous parvenons à confirmer notre hypothèse : en interrogeant notre rapport à la technique et en critiquant les dispositions et les dispositifs techniques d’édition, des modélisations éditoriales et épistémologiques inattendues émergent. Notre recherche constitue un apport pour les sciences de l’information et de la communication, et plus spécifiquement les études de l’édition — voire du livre. Le phénomène de fabrique d’édition constitue en effet un cadre d’analyse pour observer des pratiques d’édition, et le concept de fabrique peut permettre l’analyse d’un phénomène semblable dans le travail d’écriture et les enjeux d’auctorialité.
#6.2. Perspectives radicales</>
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Pour à la fois clore ce texte et prolonger ce travail de conceptualisation, d’analyse et d’expérimentation, nous ouvrons trois perspectives politiques autour de trois thématiques : la place des interfaces textuelles dans les pratiques d’édition et leur rôle émancipateur ; la prise en compte des contextes d’usage des techniques avec le concept de minimal computing ; le permacomputing ou la soutenabilité des modèles techniques dans un contexte de limitation des ressources. Ces trois dimensions émanent de la fabrique, et de sa propension à nous amener à interroger nos cadres de pensée, et les dispositions sociales et politiques dans lesquelles nous nous trouvons. Les humanités numériques jouent ici un rôle prépondérant, elles nous permettent de construire une méthodologie critique et de disposer d’outils et de communautés pour adresser ces questions et disséminer des expériences.
Les différentes expérimentations présentées dans cette thèse ont en commun de reposer sur des modes d’écriture et d’édition textuels, plutôt que sur des interfaces (utilisateur) graphiques. Ces dernières se révèlent bien souvent, comme nous l’avons vu dans le dernier chapitreVoir 5.2. Contre le logiciel : pour des processus décomposés et ouverts, des outillages hostiles au sens. Les fabriques d’édition — engageant nécessairement la constitution d’une littératie — émergent dans des environnements ouverts et conviviaux dont le format texte et les interfaces textuelles sont probablement des éléments centraux. Il ne s’agit pas de promouvoir une culture du code mais plutôt d’envisager une réappropriation des mécanismes techniques de nos environnements — forcément numériques. Remonter la chaîne logicielle, dans le cas de pratiques d’édition, ouvre des perspectives d’apprentissage, comme cela a pu être le cas dans le cheminement de cette thèse et le cadre d’expérimentation de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques. Il n’est plus question de concevoir des solutions, qui prennent souvent la forme de logiciels, mais de permettre des mouvements doubles d’acquisition et de fabrication. Cela constitue à la fois une perspective — le développement de pratiques d’édition textuelles — et un terrain d’études — les usages sont variés — pour des recherches qui prolongeraient celle qui se conclut ici.
Le concept de minimal computing est développé au sein de la communauté des humanités numériques autour de l’enjeu de l’accès et de l’usage des technologies numériques dans des localités où les ressources (machines, connexions, électricité) sont contraintes voire limitées (Gil, 2015) Gil, A. (2015). The User, the Learner and the Machines We Make. Consulté à l’adresse https://go-dh.github.io/mincomp/thoughts/2015/05/21/user-vs-learner/ . Longuement présenté dans un article de Roopika Risam et Alex Gil, ce concept — que nous avons évoqué dans le troisième chapitreVoir 3.4. Fondement de l’édition numérique au prisme des humanités numériques — met en perspective des choix techniques qui sont établis souvent et d’abord dans des situations favorisées. Il est nécessaire de confronter les conditions de conception de ces modélisations — parfois éloignées de leur possibilité d’usage — à des principes d’accessibilité plus forts.
Plusieurs projets ont accompagné l’élaboration de ce concept, dont la chaîne d’édition Edhttps://minicomp.github.io/ed/documentation/ est un exemple emblématique : il s’agit de l’utilisation d’un générateur de site statique (Jekyll) pour fabriquer des publications numériques. Plutôt que de recourir à des systèmes de publication puissants mais néanmoins complexes (des dispositifs comme Omeka(S) ou XML-TEI), certains projets d’édition sont envisagés autour de programmes ou de logiciels de plus bas niveau ou disposant d’un minimum de fonctionnalités. Tout dispositif technique est situé. Le numéro spécial de Digital Humanities Quarterly dédié à cette question réunit d’autres initiatives très diverses qui partagent les mêmes principes. Citons également la revue académique Pop!, qui place au centre les interactions humaines plutôt que les relevés métriques (Maxwell, 2022) Maxwell, J. (2022). Pop! A simplest-possible journal workflow. Commonplace. https://doi.org/10.21428/6ffd8432.1b66f04a . De plus en plus d’expérimentations partagent des principes similaires — sans pour autant s’en réclamer — dans le champ plus spécifique de l’édition et de la fabrication d’artefacts paginés. Le collectif PrePostPrinthttps://prepostprint.org constitue par exemple un terrain d’expérimentation autour de ces enjeux politiques et techniques, ses membres construisant leurs propres outils, et concevant des dispositifs alternatifs — des alternatives aux logiciels privateurs et énergivores, mais pas forcément des solutions. Plus qu’une invitation à limiter les ressources, il s’agit de critiquer les modes d’édition en tant qu’ils se fondent dans des environnements spécifiques, divers, pluriels. C’est une forme d’inclusivité que nous devons toujours questionner et établir.
Le permacomputing se situe dans le prolongement de ces enjeux. Ce néologisme définit une approche plus qu’un concept — que nous avons évoqué dans le dernier chapitreVoir 5.5. Prototyper la Fabrique —, né du double constat que la culture informatique se caractérise par une tendance forte au gaspillage des dispositifs matériels (machines, composants, câbles, etc.), et que les ressources générales permettant leur maintien ou leur renouvellement s’épuisent. Dit autrement, dans un contexte d’urgence climatique il semble opportun de repenser notre empreinte numérique, notamment en utilisant des appareils déjà existants ou en privilégiant la réparation. Ce sont les constats formulés par Ville-Matias Heikkilä dans un texte (Heikkilä, 2020) Heikkilä, V. (2020). Permacomputing. Consulté à l’adresse http://viznut.fi/texts-en/permacomputing.html qui crée rapidement un engouement. Des communautés se rassemblent autour de ces questionshttps://permacomputing.net, le cadre des réflexions suscitées dépassant les enjeux d’implémentation technique, notamment autour de principes comme l’éthique, la résilience, le partage, la décentralisation ou la diversité. Adopter les principes du permacomputing n’est pas tant une adaptation de nos habitus numériques qu’une reconfiguration de nos modes de vie, comme le duo Hundred Rabbits l’expérimente depuis quelques annéesVoir 1.3. Éditer autrement : le cas de Busy Doing Nothing.
Plusieurs expérimentations sont développées en prenant appui sur les principes du permacomputing, plurielles et protéiformes, comme des systèmes d’exploitation conçus pour des machines très peu puissantes, le développement de compilateurs bas niveau pour la création d’outils divers ou pour des pratiques artistiques, ou encore des systèmes de production d’énergie autonome. En se distinguant du mouvement dit low-tech (Mateus & Roussilhe, 2023) Mateus, Q. & Roussilhe, G. (2023). Perspectives low-tech: comment vivre, faire et s’organiser autrement ? Éditions Divergences. , notamment sur le refus des concessions et le rejet des autorités étatiques ou capitalistes, il le rejoint sur les dimensions de reconfiguration ou de partage. Il s’agit de repenser la façon dont nous créons et développons nos outils numériques, les machines étant, dans ce contexte, considérées comme des modèles de computation aux capacités désormais finies. Le permacomputing invite à une radicalité, au sens d’un choix total ou complet et non d’un retour aux sources. Dans ce cadre la fabrique peut être un dispositif d’émergence, un lieu où la technique est questionnée et construite. Ce positionnement politique nous engage dans une écologie des modélisations épistémologiques.
Nous sommes aujourd’hui dans l’ardente obligation d’envisager l’émergence de fabriques dans des contextes environnementaux, politiques, économiques et culturels parfois passifs ou réfractaires. Littérature et livres montreraient encore une fois la voie, à l’image de Johannes Gutenberg au quinzième siècle ou d’Alde Manuce au seizième siècle. Les pionniers d’aujourd’hui sont les défricheurs d’un espace nouveau qui est critique, écologique, sobre et convivial. Loin d’être un projet utopique, il s’agit de (dé)construire un numérique, ensemble, en fabriquant des éditions et en éditant des fabriques.
Références bibliographiques
- Gil, A. (2015). The User, the Learner and the Machines We Make. Consulté à l’adresse https://go-dh.github.io/mincomp/thoughts/2015/05/21/user-vs-learner/
- Heikkilä, V. (2020). Permacomputing. Consulté à l’adresse http://viznut.fi/texts-en/permacomputing.html
- Mansoux, A., Howell, B., Barok, D. & Heikkilä, V. (2023). Permacomputing Aesthetics: Potential and Limits of Constraints in Computational Art, Design and Culture. LIMITS. https://doi.org/10.21428/bf6fb269.6690fc2e
- Mateus, Q. & Roussilhe, G. (2023). Perspectives low-tech: comment vivre, faire et s’organiser autrement ? Éditions Divergences.
- Maxwell, J. (2022). Pop! A simplest-possible journal workflow. Commonplace. https://doi.org/10.21428/6ffd8432.1b66f04a
- Risam, R. & Gil, A. (2022). Introduction: The Questions of Minimal Computing. Digital Humanities Quarterly, 16(2). Consulté à l’adresse https://www.digitalhumanities.org/dhq/vol/16/2/000646/000646.html